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ENS Mathématiques BCPST 2008
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Fonctions (limites, continuité, dérivabilité, intégration)Séries et familles sommablesSéries entières (et Fourier)
Filière BCPST
MATHÉMATIQUES
Epreuve commune aux ENS de Paris, Lyon et Cachan
Durée : 4 heures
L'usage de calculatrice est interdit.
L'objectif de ce sujet est d'étudier les propriétés de modèles simples pour la croissance d'une sous-population de cellules mutantes au sein d'une population de cellules sauvages.
Le sujet comporte cinq parties relativement indépendantes et de difficultés variées, pouvant être traitées dans le désordre. Toutefois, les résultats, admis ou démontrés, de la deuxième partie intitulée «Fonctions génératrices» sont censés pouvoir servir dans les trois parties qui suivent. Il est donc recommandé de parcourir le sujet dans son intégralité avant de démarrer. Enfin, il est demandé de veiller au soin de la présentation, à la rigueur et à la concision des raisonnements.
Notations
Le logarithme (neperien) est désigné par
. L'ensemble des entiers naturels est noté
et l'ensemble des nombres réels
.
Par convention, une somme indicée par un ensemble vide est nulle, et un produit indicé par un ensemble vide est égal à 1 . Pour tout entier naturel
, la notation
! désigne le produit des
premiers entiers non nuls, et en particulier
. On rappelle que le nombre de parties à
éléments d'un ensemble à
éléments est noté
et vaut
.
Une variable aléatoire à valeurs dans sera appelée v.a.e., pour variable aléatoire entière.
Une variable aléatoire à valeurs dans
Première partie : un modèle déterministe simple
Dans cette partie, on s'intéresse au comportement moyen (non aléatoire), en fonction du temps (entier), d'une population de cellules composée de deux types, les cellules dites sauvages et les cellules dites mutantes. On suppose ici que les cellules ne meurent pas et qu'à chaque pas de temps, chaque cellule sauvage produit en moyenne
cellules filles, et chaque cellule mutante
cellules filles, où
et
sont deux réels positifs. Au temps 0 , la population est constituée d'une seule cellule, et cette cellule est sauvage.
- Interpréter le modèle suivant :
ainsi que les réels
et
. Que valent
et
?
2. Donner une expression de en fonction de
et
.
3. a) Soient deux suites et
liées pour tout entier
par la relation
, où
est un nombre réel quelconque. Exprimer
en fonction de
, de
, de
et des
premiers éléments de la suite
.
b) Exprimer en fonction de
et
. On distinguera les cas
et
.
4. a) Suivant la position de par rapport à
, établir un équivalent asymptotique, lorsque
, de
, et
.
b) Montrer que la proportion asymptotique de cellules mutantes vaut 1 si , et
si
.
2. Donner une expression de
3. a) Soient deux suites
b) Exprimer
4. a) Suivant la position de
b) Montrer que la proportion asymptotique de cellules mutantes vaut 1 si
Deuxième partie : fonctions génératrices
Pour toute v.a.e. X , on définit
sa fonction génératrice par :
où, par définition,
.
- Montrer que
est bien définie sur , calculer et . - De manière générale, pour toute suite réelle
, on définit formellement la série entière de terme général par
et l'on cherche notamment à déterminer le domaine de définition de
.
Soit l'ensemble suivant :
Soit
et
sa borne supérieure.
a) Montrer que si , alors pour tout
,
a-i) ,
a-ii)
la série de terme général
converge absolument.
b) Montrer que pour tout , la série de terme général
diverge. En déduire deux inclusions entre les ensembles
et
.
a) Montrer que si
a-i)
a-ii)
b) Montrer que pour tout
On appelle
rayon de convergence de la série entière
.
3. Calculer le rayon de convergence des séries entières de terme général :
a) , en fonction de la valeur du nombre réel
;
b) , en fonction de la valeur du nombre réel
;
4. Soient la série entière de terme général
et
la série entière de terme général
. On suppose que les rayons de convergence
et
de
et
respectivement, sont non nuls, et l'on définit
. Soit
3. Calculer le rayon de convergence des séries entières de terme général :
a)
b)
4. Soient
a) Montrer que la série de terme général
converge absolument pour tout
.
On admettra par la suite que pour tout
,
b) Montrer que si X et Y sont deux v.a.e. indépendantes dont les fonctions génératrices sont désignées respectivement par
et
, alors la fonction génératrice de
est
.
5. a) Soit une suite de v.a.e. indépendantes et de même loi, de fonction génératrice commune
. Pour tout entier
, donner la fonction génératrice de la v.a.e.
.
b) Soient N une v.a.e. de fonction génératrice indépendantes des
Montrer que la somme
est une v.a.e. de fonction génératrice
.
5. a) Soit
b) Soient N une v.a.e. de fonction génératrice
Dans la suite, on admettra que toute série entière
de terme général
est dérivable sur ]-R
[, et que
On pourra également se servir des trois égalités suivantes :
On admettra enfin qu'un développement en série entière est unique, c'est-à-dire que s'il existe deux suites réelles
et
, et un nombre réel
, tels que pour tout
,
alors
quel que soit
.
Troisième partie : la distribution de Luria-Delbrück
On suppose qu'il existe une suite de réels positifs
et une fonction
continue sur
, tels que
et
où
est un réel strictement positif.
- Calculer les limites de
en 0 et en 1 . En déduire que est une loi de probabilité sur , que l'on appellera distribution (ou loi) de Luria-Delbrück. - En dérivant
, montrer que
- a) Établir la relation de récurrence suivante :
b) Calculer
.
4. a) Écrire sous la forme d'une série entière sur l'intervalle
.
b) Soit et
4. a) Écrire
b) Soit
Montrer que
est une loi de probabilité, calculer sa fonction génératrice et son espérance.
5. a) Soient une suite de v.a.e. indépendantes de même loi, dont on note
la fonction génératrice commune. Soit N une variable aléatoire de Poisson de paramètre
, indépendante de la suite
. On définit alors la variable aléatoire Y par
5. a) Soient
Calculer la fonction génératrice de Y .
b) Trouver et
pour que Y suive la loi de Luria-Delbrück.
b) Trouver
Quatrième partie : étude succincte du modèle de Luria-Delbrück
On considère une population de cellules sauvages et mutantes. Au temps 0 , la population démarre avec une seule cellule, qui est sauvage. À chaque pas de temps
, une cellule et une seule, prise au hasard (uniformément) dans la population, se divise en deux ; par conséquent, entre les temps
et
, le nombre de cellules est
. On se donne un nombre réel
, qui est la probabilité de mutation, et l'on note
:
- lorsqu'une cellule sauvage se divise, elle se divise en deux cellules sauvages avec probabilité
; avec probabilité , en une cellule sauvage et une cellule mutante; - lorsqu'une cellule mutante se divise, elle se divise toujours en deux cellules mutantes. On note
la probabilité associée à ce modèle.
On désigne par
le nombre de cellules sauvages présentes dans la population entre les temps
et
, et par
le nombre de cellules mutantes. Enfin, on empruntera les notations suivantes :
pour tous entiers naturels
et
.
- a) Donner
pour tout .
b) Lorsque, donner la loi du temps d'apparition de la première cellule mutante, ainsi que son espérance. - a) Montrer que la suite
a une limite, finie ou infinie, que l'on notera . On cherche à calculer .
b) Soientdes entiers non nuls. Établir l'égalité suivante :
c) Soit
une suite de nombres réels appartenant à l'intervalle ]
[. Montrer que la suite
est convergente, et que sa limite est nulle si et seulement si la série de terme général
diverge.
d) Montrer que pour tout
, même si
,
d)
e) Donner la valeur de
Cinquième partie : loi du nombre de cellules mutantes
Le but de cette partie est d'établir explicitement la loi de
, puis d'obtenir son comportement asymptotique lorsque la probabilité de mutation est faible, de l'ordre de
. On rappelle avoir défini
et
.
- Montrer la relation de récurrence suivante pour tous entiers naturels
et :
- Montrer que pour tous entiers naturels
et ,
- Montrer également que pour tous entiers
,
- À partir de maintenant, pour tout
et tout , on définit
a) Montrer que
est bien définie.
b) Établir l'égalité suivante en utilisant la question 2 et sans justifier les interversions de sommes :
b) Établir l'égalité suivante en utilisant la question 2 et sans justifier les interversions de sommes :
où
, et
sont des nombres réels positifs à déterminer.
5. Montrer que pour tout ,
5. Montrer que pour tout
- a) Pour tout
, établir la limite suivante :
b) En déduire que pour tout
,
- Expliquer pourquoi la distribution
dite de Luria-Delbrück de la troisième partie fournit un candidat pour la limite de , et donner le ou les principaux obstacles à une démonstration mathématique rigoureuse.
