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ENS Mathématiques Paris Lyon MP 2004
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Algèbre généraleAlgèbre linéairePolynômes et fractionsRéductionTopologie/EVN
SESSION 2004
Filière MP
MATHÉMATIQUES
Epreuve commune aux ENS de Paris et Lyon
Durée : 6 heures
L'usage de toute calculatrice est interdit.
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AVERTISSEMENT
La qualité de la rédaction sera un élément important d'appréciation des copies. Pour traiter une question, le candidat peut utiliser les résultats énoncés dans les questions ou parties précédentes.
Les parties I, II, et III sont indépendantes.
NOTATIONS ET CONVENTIONS
Dans tout le problème, on désigne par
des entiers naturels non nuls. On note
le corps des nombres complexes et
celui des nombres réels. Pour tout sous-corps
de
, on appelle
(respectivement
) l'ensemble des matrices à
lignes et
colonnes (respectivement des matrices carrées
) à coefficients dans
. On identifie
au
-espace vectoriel
des matrices colonnes, ce qui permet de parler de
pour
et
.
On note
le sous-ensemble de
constitué des matrices inversibles. On rappelle que
, muni du produit matriciel, est un groupe (non commutatif si
) dont l'élément neutre est la matrice identité
. On note
le sous-groupe de
formé des matrices de déterminant 1. On identifie
au groupe multiplicatif
des éléments non nuls de
.
Si
est un élément de
, on note
sa matrice conjuguée. On dit qu'une partie
de
est stable par conjugaison complexe si pour toute matrice
de
, la matrice conjuguée
est également dans
. La transposée d'une matrice
est notée
. On munit
de sa topologie usuelle de
-espace vectoriel normé de dimension finie.
Soient
et
deux espaces vectoriels normés (sur
ou
) de dimension finie, et
(respectivement
) une partie de
(respectivement
). On rappelle qu'une application
est un homéomorphisme si
est une application continue, bijective, dont l'application réciproque est continue.
Sauf mention contraire, les lois de groupe seront notées multiplicativement (le produit de deux éléments
et
étant noté
ou simplement
); on désignera par
(ou simplement
si cela ne prête pas à confusion) l'élément neutre d'un groupe
.
Si
est un ensemble et
un sous-corps de
, on note
le
-espace vectoriel des applications de
dans
.
Enfin, on rappelle le résultat suivant, que l'on pourra utiliser sans démonstration :
Soit une famille d'endomorphismes diagonalisables d'un
-espace vectoriel de dimension finie, telle que
pour tous
de
. Alors il existe une base de diagonalisation commune à tous les éléments de
.
Soit
Partie I: Actions de groupes
Pour tout groupe
, on note Aut
l'ensemble des automorphismes de
, c'est-à-dire des morphismes de groupe bijectifs de
dans lui-même.
I.1. Montrer que Aut est un groupe pour la composition
des applications.
I.1. Montrer que Aut
Une action d'un groupe
sur un groupe
est un morphisme de groupes
Aut
. On attire en particulier l'attention des candidats sur le fait que dans cette définition, on impose que
pour tout élément de
, son image
soit un automorphisme du groupe
, et pas seulement une bijection de
sur
.
pour tout élément
Pour tout
et tout
, on notera
l'élément
de
(l'action
étant sousentendue). On note
l'ensemble des éléments
de
qui vérifient l'égalité
pour tout
.
I.2. Soit une action d'un groupe
sur un groupe
. Soient
des éléments de
et
des éléments de
.
I.2. Soit
Comparer
et
; même question pour
et
. Déterminer
(où
) et
(où
). A-t-on
?
I.3. Soient le groupe multiplicatif
et
un sous-groupe de
qui est stable par conjugaison complexe. Montrer que l'application
Aut
définie par
et
(pour tout
) est une action de
sur le groupe
. On l'appellera action par conjugaison complexe. Déterminer
pour cette action.
I.4. On suppose fixées des actions d'un groupe sur des groupes
et
. On dit alors qu'une application
est un
-morphisme si
est un morphisme de groupes qui satisfait de plus à la condition :
pour tous
.
a) Soit un
-morphisme. Montrer que
.
b) On suppose de plus surjectif. A-t-on nécessairement
?
I.3. Soient
I.4. On suppose fixées des actions d'un groupe
a) Soit
b) On suppose de plus
Partie II : Sous-groupes matriciels
II.1. Soit
un sous-groupe commutatif de
tel que tout élément
de
vérifie
. Montrer que
est fini, et majorer son cardinal en fonction de
.
II.2. Soient une partie de
et
un ouvert de
avec
, tels que pour tout
, on ait
. On suppose qu'il existe un homéomorphisme
, où
est un ouvert de
, et on pose
. On fait enfin l'hypothèse que l'application
est de classe
.
Montrer que l'image de l'application de dans
, qui à
associe
, est un voisinage de
dans
.
II.3. On dira qu'un sous-groupe de
vérifie la condition (
) s'il existe des parties
et
de
satisfaisant aux hypothèses de II.2., avec en outre
partie ouverte de
.
a) Montrer que le groupe vérifie la condition (L) (on pourra par exemple utiliser le développement du déterminant par rapport à une colonne).
b) On suppose que est un sous-groupe commutatif de
qui vérifie (L). Montrer que l'image
de l'application de
dans
, qui à
associe
, est un ouvert de
. En considérant les ensembles de la forme
pour
, montrer que
est également un fermé de
.
II.2. Soient
Montrer que l'image de l'application de
II.3. On dira qu'un sous-groupe
a) Montrer que le groupe
b) On suppose que
Partie III : Construction de matrices inversibles
III.1. a) Soit
. Montrer qu'il existe
tel que
.
b) Soit tel que
. Montrer qu'il existe
tel que
.
b) Soit
Dans toute la suite de cette partie III, on désigne par
et
deux sous-corps de
avec
. On suppose que le
-espace vectoriel
est de dimension finie et on note
l'ensemble des isomorphismes de corps
de
dans
qui satisfont en outre l'égalité
pour tout
de
.
III.2 a) Montrer que si et
, alors
est constitué de l'identité et de la conjugaison
.
b) On revient au cas général et on prend . Montrer qu'il existe un polynôme non nul
tel que
. Montrer que pour tout
, le nombre complexe
est également racine de
.
c) En déduire que est fini.
III.2 a) Montrer que si
b) On revient au cas général et on prend
c) En déduire que
On vérifie facilement (et on admettra dans la suite) que
est un groupe pour la composition des applications, dont on notera désormais la loi multiplicativement.
III.3. Soient des morphismes de groupes deux à deux distincts du groupe multiplicatif
dans lui-même. Montrer que la famille (
) est libre dans le
-espace vectoriel
(on pourra procéder par récurrence sur
).
III.4. Soit une application de
dans
. Pour toute matrice
de
, on pose
pour tout
de
. Si
est une matrice de
, on appelle
la matrice
de
. De même, pour tout vecteur
de
, on pose
(c'est un vecteur de
).
a) Soit une forme linéaire sur le
-espace vectoriel
telle que
pour tout
. Montrer que
est nulle (on pourra considérer
pour
dans
et utiliser III.3.).
b) En déduire que la famille engendre le
-espace vectoriel
. On en extrait une base
.
c) Soit la matrice de
dont le
-ème vecteur colonne est
. Montrer que la matrice
est inversible.
III.3. Soient
III.4. Soit
a) Soit
b) En déduire que la famille
c) Soit
Partie IV : Cocycles
Soit
une action d'un groupe
sur un groupe
(voir la partie I). On appelle cocycle une application
qui vérifie :
pour tous
de
. On note
l'ensemble des cocycles.
IV.1. On définit une relation par :
si et seulement s'il existe
tel que
pour tout
. Montrer que
est une relation d'équivalence.
IV.1. On définit une relation
On notera
l'ensemble des classes d'équivalence pour cette relation et
la classe d'un élément
de
. On note également 0 la classe du cocycle (dit trivial) qui envoie tout
de
.
IV.2. On prend et
muni de l'action de
par conjugaison complexe (définie en I.3.). Montrer que
.
IV.3. Soient et
deux sous-corps de
avec
et
de dimension finie sur
. On prend pour
le groupe défini en III.1.
IV.2. On prend
IV.3. Soient
On définit une action de
sur le groupe
par :
pour toute matrice
de
.
a) Montrer que (On pourra utiliser III.4. c)).
b) Que devient le résultat précédent pour et
?
IV.4. On suppose fixées des actions d'un groupe sur des groupes
et
. Soit
un
-morphisme (voir I.4.). A toute application
, on associe l'application
définie par :
pour tout
de
.
a) Montrer que si , alors
.
b) Montrer que si dans
, alors
dans
.
a) Montrer que
b) Que devient le résultat précédent pour
IV.4. On suppose fixées des actions d'un groupe
a) Montrer que si
b) Montrer que si
Avec les notations de IV.1., on a donc une unique application
qui vérifie :
pour tout
. On appelle noyau de
, et on note ker
, l'ensemble des éléments
de
tels que
.
IV.5. On suppose jusqu'à la fin de cette partie que et
sont deux groupes munis chacun d'une action de
, et on fixe un
-morphisme surjectif
. On note
le noyau de
, qui est un sous-groupe de
, et
l'injection canonique.
a) Vérifier que pour tout et tout
, on a
. On a donc une action de
sur le groupe
par restriction de l'action de
sur
, qui fait de
un
-morphisme.
b) Montrer que l'image de est le noyau de
.
c) On suppose de plus que . Montrer que le noyau de
est réduit à
.
IV.5. On suppose jusqu'à la fin de cette partie que
a) Vérifier que pour tout
b) Montrer que l'image de
c) On suppose de plus que
Partie V : Exemples d'ensembles
V.1. Soit
un sous-groupe commutatif de
, stable par conjugaison complexe, muni de l'action de
définie en I.3. On fait également l'hypothèse que
est connexe par arcs et vérifie la condition ( L ) définie en II.3.
a) Montrer que le -morphisme
, qui à toute matrice
de
associe
, est surjectif.
b) Montrer que l'application est constante égale à 0 (on pourra raisonner directement sur les cocycles).
c) En déduire que est fini.
V.2. Soit le sous-groupe de
constitué des matrices
de
qui vérifient en outre
. On munit
de l'action de
par conjugaison complexe.
a) Montrer que est commutatif. Vérifie-t-il la condition (L) ?
b) Déterminer le sous-groupe de
constitué des éléments
tels que
. Calculer le cardinal de
.
c) Montrer que l'application induite par l'injection canonique
n'est pas constante égale à 0 . En déduire le cardinal de
.
V.3. On prend pour et pour
le groupe additif
, et pour
le groupe symétrique
. On munit
(respectivement
) de l'action de
définie par
pour tout
et tout
de
(respectivement de
). On note
le cycle
de
.
a) Soit l'application qui associe à la classe de l'entier
la permutation
. Montrer que
est un
-morphisme et que le noyau de
est réduit à
.
b) Montrer que n'est pas injective.
a) Montrer que le
b) Montrer que l'application
c) En déduire que
V.2. Soit
a) Montrer que
b) Déterminer le sous-groupe
c) Montrer que l'application
V.3. On prend pour
a) Soit
b) Montrer que
