Ce problème aborde l'étude de solutions exactes ou approchées d'équations et systèmes différentiels linéaires du premier ordre à coefficients constants ainsi que des méthodes de calcul numérique de solutions approchées de ces équations.
La première partie s'intéresse à la résolution exacte des équations différentielles qui modélisent la charge et la décharge d'un condensateur. La deuxième partie présente la méthode d'Euler pour approcher la solution d'une équation différentielle correspondant à la décharge d'un condensateur ; les notions de convergence, de consistance et de stabilité de cette méthode y sont abordées. La troisième partie aborde la résolution exacte et approchée d'un système différentiel linaire d'ordre 2 à coefficients constants. Les trois parties sont largement indépendantes les unes des autres.
On note l'ensemble des vecteurs colonnes à coefficients réels comprenant 2 lignes. On identifie et : un vecteur de est représenté par une matrice colonne à deux lignes. désigne l'ensemble des matrices carrées d'ordre 2 à coefficients réels. L'ensemble est l'ensemble des matrices de qui sont orthogonales.
On note la matrice identité de .
Si est une suite de vecteurs de et si on note et les coordonnées du terme général dans une base donnée de , on dit que la suite ( ) est bornée dans si les suites et sont bornées dans . On admet que le caractère borné d'une suite à valeurs dans ne dépend pas du choix de la base.
Avec les mêmes notations, on dit que la suite ( ) est convergente dans si les suites et sont convergentes dans . On admet que le caractère convergent d'une suite à valeurs dans ne dépend pas du choix de la base.
I Décharge et charge d'un condensateur
On considère un condensateur de capacité , deux résistances identiques et une force électromotrice qui délivre une tension constante , connectés suivant le schéma de la figure 1. On suppose que le condensateur est chargé sous la différence de potentiel et que les deux interrupteurs et sont ouverts. À l'instant , on ferme l'interrupteur . La tension aux bornes du condensateur au cours du processus de décharge vérifie l'équation
Figure 1
Le réel est la constante de temps du circuit.
I.A -
Q 1. Rappeler la forme des solutions de l'équation (I.1).
La fonction est désormais l'unique solution de l'équation (I.1) telle que .
Q 2. Exprimer en fonction de l'instant à partir duquel la tension devient inférieure à de sa valeur initiale . À l'instant , on ouvre l'interrupteur et on ferme l'interrupteur simultanément. La tension aux bornes du condensateur vérifie alors:
Q 3. Exprimer la valeur de pour . (On rappelle que .)
Q 4. Étudier les variations de la fonction sur l'intervalle . On distinguera les cas , et et on précisera les dérivées à droite et à gauche de en , ainsi que la limite de la fonction en .
Q 5. Représenter graphiquement la courbe représentative de la fonction sur l'intervalle dans chacun des trois cas distingués à la question précédente. - On suppose toujours qu'à l'instant on ouvre l'interrupteur et on ferme l'interrupteur simultanément. L'énergie électrique emmagasinée dans le condensateur à l'instant vaut . À tout instant , l'énergie emmagasinée dans le condensateur vaut ; à tout instant , l'énergie emmagasinée dans le condensateur vaut .
Q 6. Déterminer en fonction de et .
Q 7. Exprimer la valeur de l'énergie à tout instant , en fonction de et .
Q 8. L'énergie possède-t-elle une limite finie quand ? Si oui, donner la valeur de cette limite.
II La méthode d'Euler
II.A - Résultats préliminaires
II.A.1)
Q 9. Montrer que pour tout .
Q 10. Donner une représentation graphique de cette inégalité.
II.A.2)
Q 11. Montrer que .
Q 12. Soit . Montrer qu'il existe un rang tel que, pour tout .
Q 13. Montrer que la suite de terme général est bien définie pour tout , montrer qu'elle converge et déterminer sa limite.
Q 14. En déduire que .
II.A.3)
Q 15. Montrer l'existence de et déterminer sa valeur.
II.B - Schéma d'approximation par la méthode d'Euler
Fixons des réels et . Considérons l'équation différentielle suivante où l'inconnue est la fonction :
On note l'unique solution de l'équation (II.1) vérifiant la condition initiale . On se propose de calculer de manière approchée la fonction à l'aide de la méthode d'Euler.
Pour cela, pour tout :
on partage le segment en segments de même longueur , on a donc et ;
on définit la suite ( ) par récurrence de la manière suivante
;
pour tout , si est la droite passant par le point de coordonnées de coefficient directeur , alors est l'ordonnée du point de d'abscisse .
Q 16. Donner la valeur de , pour tout .
Q 17. Pour tout , déterminer une équation cartésienne de la droite .
Q 18. Montrer que, pour tout .
Q 19. On suppose dans cette question seulement que et . Représenter sur un même graphique la courbe représentative de la solution de l'équation (II.1) correspondant à ces valeurs numériques, les droites et ainsi que les points de coordonnées et pour , en précisant les valeurs de ces coordonnées (on donnera une approximation de ces valeurs à près).
Q 20. Pour tout , exprimer le terme général en fonction de et .
Q 21. En déduire l'existence et la valeur de la limite . (On rappelle que .)
II.C - Étude de l'erreur de consistance du schéma d'approximation
On pose, pour tout et . Le réel est l'erreur de consistance du schéma : cette erreur résulte directement du schéma d'approximation, indépendamment des erreurs dues aux arrondis dans les calculs.
Q 22. Montrer que, pour tout .
Q 23. Soit . Déterminer le signe du réel .
Q 24. Montrer l'égalité .
Q 25. En déduire que .
On dit dans ce cas que le schéma d'approximation est consistant.
II.D - Étude de la stabilité du schéma d'approximation
On considère, dans cette sous-partie II.D uniquement, que la suite est définie pour tout (i.e. que l'on approxime les solutions de l'équation (II.1) sur est donc la suite définie par et pour tout . De même, on pose, pour tout .
En pratique, le calcul numérique des termes de la suite est soumis à des erreurs d'arrondis : par exemple, chaque nombre est calculé avec une précision limitée par le codage des nombres flottants. Pour simplifier, on suppose que l'erreur d'arrondi est constante à chaque itération. Lorsqu'on souhaite calculer les termes comme dans la sous-partie II.B, à cause des erreurs d'arrondi, on calcule en fait les termes de la suite où est une valeur approchée de et
On cherche à savoir si le schéma d'approximation tend à amplifier ou à réduire les erreurs d'arrondis. Pour tout , on pose . On note et . On pose enfin, pour tout .
II.D.1)
Q 26. Vérifier que est bien défini.
Q 27. Montrer que pour tout .
Q 28. Établir que la suite de terme général est géométrique. En déduire une expression du terme général , puis du terme général , en fonction de et .
II.D.2)
Q 29. On suppose . Montrer que la suite ( ) est bornée si et seulement si .
Q 30. En déduire une condition nécessaire et suffisante sur et pour que la suite ( ) soit bornée quelle que soit la valeur de .
On dit que le schéma d'approximation est conditionnellement stable.
II.D.3) Exemple
Q 31. On suppose dans cette question que et . Donner une valeur de pour laquelle la suite est bornée tandis que la suite ne l'est pas.
III Étude de la stabilité d'un schéma numérique dans le cas d'un système différentiel
III.A - Étude d'un système différentiel
III.A.1) On considère le système différentiel
Q 32. Déterminer une matrice telle que ce système puisse s'écrire sous la forme de l'équation
où l'inconnue est la fonction .
Q 33. Justifier, sans aucun calcul, que la matrice est diagonalisable.
Q 34. On pose . Justifier qu'il existe une matrice vérifiant l'égalité : . On ne demande pas de calculer la matrice .
Q 35. Résoudre le système différentiel , où l'inconnue est la fonction .
III.A.2)
Q 36. Montrer que, pour tout , la matrice est inversible.
Q 37. Soit . On pose . Montrer que, pour tout , la matrice est semblable à la matrice .
Q 38. En déduire que pour tout , la suite de terme général converge vers le vecteur .
III.B - Méthode d'Euler
On considère un vecteur et le système différentiel suivant
On note l'unique solution du système (III.2) vérifiant la condition initiale .
Q 39. Montrer, pour tout , l'existence dans de et préciser sa valeur.
Soit . Pour tout , on note une valeur approchée de . En tout point , on approche le vecteur dérivé par le taux d'accroissement . On calcule les termes de la suite en posant :
Q 40. Montrer que pour tout .
Q 41. En déduire en fonction de et .
On considère qu'à chaque itération on effectue le calcul avec une erreur d'arrondi constante égale à . On définit les suites et à valeurs dans par leurs premiers termes et et les relations de récurrence, valables pour tout et . Pour tout , on pose .
Q 42. Montrer que pour tout .
Q 43. Démontrer que la matrice est inversible.
Q 44. On note . Montrer que pour tout .
Q 45. En déduire que pour tout .
Q 46. En déduire que la suite ( ) est bornée dans quelle que soit la valeur de l'erreur et quel que soit le nombre .
On dit dans ce cas que la méthode d'approximation est stable.
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