L'objectif de ce sujet est l'étude de la gestion des erreurs dans un processus industriel.
On considère un processus industriel automatisé au cours duquel une tâche répétitive est effectuée à chaque instant . On note la variable aléatoire égale au nombre d'erreurs susceptibles de se produire à l'instant . On admet que le système parvient à corriger ces erreurs et à maintenir son fonctionnement si le nombre total d'erreurs enregistrées jusqu'à l'instant , noté , reste inférieur à une quantité de la forme amn, où est une constante fixée et est le nombre moyen d'erreurs enregistrées à chaque instant. On est donc amené à estimer une probabilité de la forme , dans le but de montrer qu'elle tend vers 0 très rapidement lorsque tend vers l'infini.
Dans la première partie, on étudie le cas particulier où les variables aléatoires sont mutuellement indépendantes et de même loi de Poisson de paramètre . Dans la deuxième partie, on démontre partiellement le théorème de Perron-Frobenius, qui permet, dans la troisième partie, d'étudier le cas où les variables aléatoires forment une chaîne de Markov, c'est-à-dire où le nombre d'erreurs enregistrées à l'instant dépend uniquement de celui enregistré à l'instant .
I Cas de la loi de Poisson
Dans cette partie, on étudie le modèle élémentaire où la suite du nombre d'erreurs aux instants successifs est une suite de variables aléatoires identiquement distribuées, mutuellement indépendantes, et suivant une loi de Poisson de paramètre .
L'objectif de cette partie est de donner un équivalent de lorsque tend vers , afin de s'assurer que celle-ci converge vers 0 avec une vitesse de convergence exponentielle.
Pour tout , on note et la fonction génératrice de . Soit un entier naturel supérieur ou égal à 1.
Q 1. Montrer que et sont indépendantes.
Q 2. Expliciter le calcul de la fonction génératrice de la variable aléatoire .
Q 3. Justifier que .
Q 4. Montrer que la variable aléatoire suit une loi de Poisson dont on précisera le paramètre.
I.B -
Q 5. Vérifier que, pour tout ,
Q 6. Soit . Montrer que pour tout ,
Q 7. Montrer que la série de fonctions où pour tout , la fonction est définie sur par est normalement convergente sur .
Q 8. En déduire que pour tout converge et que
Q 9. En déduire que, lorsque tend vers ,
Q 10. En déduire, à l'aide de la formule de Stirling, qu'il existe un réel tel que .
II Quelques résultats sur les matrices
L'objectif de cette partie est de démontrer un certain nombre de résultats d'algèbre linéaire qui serviront dans la partie suivante.
Notations
est un entier naturel supérieur ou égal à 2 .
Soit . On note l'ensemble des valeurs propres complexes de et pour , . On note .
On dit que est positive si tous ses coefficients sont positifs. On note alors .
On dit que est strictement positive si tous ses coefficients sont strictement positifs. On note alors .
Un vecteur de est dit positif si tous ses coefficients sont positifs. On note alors .
Un vecteur de est dit strictement positif si tous ses coefficients sont strictement positifs. On note alors .
On définit une relation d'ordre sur par si .
On définit une relation d'ordre sur par si .
Si alors désigne la matrice .
Si alors désigne le vecteur .
On dit que est une valeur propre dominante de si, pour tout .
On se propose de démontrer les deux propositions suivantes :
Proposition 1
Si est une matrice strictement positive, alors est une valeur propre dominante de . Le sous-espace propre associé est de dimension 1 et est dirigé par un vecteur propre strictement positif.
Proposition 2
Si est une matrice strictement positive diagonalisable sur , si est un vecteur positif non nul de , alors converge, lorsque tend vers , soit vers le vecteur nul, soit vers un vecteur directeur strictement positif de .
Dans toute cette partie II, est une matrice strictement positive.
II.A -
Q 11. Montrer que, pour tout ,
Q 12. Montrer que .
Q 13. En déduire que puis montrer que .
Q 14. On suppose diagonalisable sur . Montrer que, si alors .
Dans la suite du problème, on admettra que cette dernière implication est vraie même si la matrice n'est pas diagonalisable sur .
II.B - On suppose, dans les sous-parties II.B et II.C, que est une matrice strictement positive vérifiant .
On considère une valeur propre de de module 1 et un vecteur propre associé à . On se propose de démontrer que 1 est valeur propre de .
Q 15. Montrer que .
Dans les questions qui suivent, on suppose que .
Q 16. Montrer qu'il existe tel que .
Q 17. On pose . Montrer que pour tout .
Q 18. Déterminer .
Q 19. Conclure.
II. C -
Q 20. Montrer que admet un vecteur propre strictement positif associé à la valeur propre 1.
Q 21. Montrer que 1 est la seule valeur propre de module 1 de .
On pourra admettre sans démonstration que si sont des nombres complexes, tous non nuls, tels que , alors tel que .
Q 22. que .
Q 23. En regroupant les résultats des sous-parties II.B et II.C, justifier qu'on a démontré la proposition 1.
II. - Dans cette sous-partie, on se propose de démontrer la proposition 2.
On suppose donc que est strictement positive et diagonalisable sur .
Pour tout , pour tout , on note .
Q 24. Soit . Soit . Montrer que la suite converge vers 0 .
Q 25. Soit un vecteur positif. Montrer que la suite converge vers le projeté de sur parallèlement à . Vérifier que, s'il est non nul, ce dernier vecteur (le projeté de ) est strictement positif.
Dans la suite du problème, on admet que la proposition 2 se généralise à toute matrice strictement positive, même non diagonalisable et que, si est un vecteur strictement positif, alors la suite converge vers un vecteur strictement positif dirigeant .
II.E - Cette sous-partie permet de déterminer la valeur propre dominante d'une matrice carrée strictement positive de taille .
Q 26. Justifier que pour tout entier est semblable dans à une matrice triangulaire, dont on précisera les coefficients diagonaux.
Q 27. Montrer que .
III Une inégalité pour les chaînes de Markov
Dans toute cette partie III, est un entier naturel non nul fixé et une suite de variables aléatoires à valeurs dans l'intervalle d'entiers .
On suppose que ,
On suppose que pour tout ne dépend pas de et est strictement positif. On note alors .
On dit que est une chaine de Markov homogène sur , de matrice de transition .
On attire l'attention sur les faits suivants:
la numérotation des lignes et des colonnes de commence à 0 ;
est une matrice carrée de taille .
Dans toute la suite, pour fixé, on pose la matrice colonne .
III.A - Justification de l'existence des lois
Q 28. Justifier que .
Q 29. Justifier que, pour tout .
Q 30. En déduire que la loi de détermine entièrement les lois de toutes les variables aléatoires .
Dans toute la suite, on considère une telle chaîne de Markov, et on pose
pour ;
pour tout et tout ;
;
pour tout et tout ; .
III.B - Définition de la fonction de taux
Soient un entier naturel non nul et un réel fixé.
On admet que l'espérance de la variable aléatoire est égale
où est le vecteur colonne défini par .
Q 31. Justifier que possède une valeur propre dominante .
Q 32. Montrer que où .
III. - Dans cette sous-partie, on étudie deux programmes écrits en langage Python. On suppose que la bibliothèque numpy a été importée à l'aide de l'instruction
import numpy as np
On rappelle que les opérations suivantes sont alors disponibles.
range(n) renvoie la séquence des n premiers entiers ( ).
np.array(u) crée un nouveau tableau contenant les éléments de la séquence u. La taille et le type des éléments de ce tableau sont déduits du contenu de u.
a.shape(a) renvoie un tuple donnant la taille du tableau a pour chacune de ses dimensions.
a.trace(a) donne la trace du tableau a.
np. renvoie un tableau de même forme que le tableau a dont chaque terme est l'exponentielle du terme correspondant du tableau a (exponentielle terme à terme).
np.dot(a, b) calcule le produit matriciel des tableaux et (sous réserve de compatibilité des dimensions).
a renvoie un tableau de même forme que le tableau a correspondant au produit de chaque terme de a par le nombre x .
renvoie un tableau correspondant au produit terme à terme des deux tableaux a et b . Si a et b n'ont pas le même nombre de dimensions, le plus «petit» est virtuellement étendu afin de correspondre à la forme du plus «grand». Par exemple si a est une matrice et b un vecteur, b doit avoir le même nombre de composantes que a a de lignes, il est alors virtuellement transformé en matrice avec le même nombre de colonnes que a , chaque colonne valant b .
Q 33. Écrire en langage Python une fonction puiss 2 k qui prend en argument une matrice carrée et un entier naturel et renvoie la matrice en effectuant produits matriciels. On pourra exploiter le fait que .
Q 34. Expliquer ce que fait la fonction Python maxSp définie par :
def maxSp(Q:np.ndarray, k:int, t:float) -> float:
n = Q.shape[1]
E = np.exp(t * np.array(range(n)))
A = Q * E
B = puiss2k (A, k)
C = np.dot(A, B)
return C.trace() / B.trace()
III.D - Une majoration théorique et son interprétation
On définit, pour tout .
On admet que cette borne supérieure existe et que la convergence de la suite de fonctions vers la fonction démontrée à la question 32 est uniforme sur . On admet également dans toute la suite l'existence de ainsi que les propriétés suivantes de :
Dans toute la suite, désigne un réel strictement positif.
Q 35. Montrer qu'il existe un rang tel que, pour tout et pour tout ,
Q 36. À l'aide de l'inégalité de Markov appliquée à la variable aléatoire , montrer que pour et ,
Q 37. En déduire que pour ,
Q 38. Donner un sens concret à en rapport avec le processus industriel étudié et interpréter l'inégalité précédente. On pourra établir un lien intuitif avec la loi des grands nombres.
III. - Cette sous-partie constitue une application numérique et peut être traitée en admettant les résultats précédents.
On dispose de deux suites finies de réels et . La formule de la question 32 appliquée en avec suffisamment grand permet d'estimer par une valeur approchée .
Q 39. Justifier que pour tout ,
constitue une valeur approchée raisonnable de .
Le tableau 1 donne ces valeurs pour .
4,50
4,55
4,60
4,65
4,70
4,75
4,80
4,85
4,90
4,95
5,00
5,05
5,10
5,15
5,20
5,25
5,30
5,35
5,40
5,45
Tableau 1
Q 40. À l'aide du tableau 1, donner un encadrement approximatif de la valeur de et la valeur d'un réel tel qu'il existe un rang vérifiant pour tout ,
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